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Théinographie

2017
Thé, papier velin d'arches 230gr, impression Jet d’encre
et caisse américaine en chêne.
110 x 85 cm

Exemplaires uniques, Collection de la fondation EMERIGE.

Les territoires imaginaires inexplorés des Théinographies ne sont pas sans évoquer les explorations et la découverte de notre monde au 18 ème  siècle, les commerces qui en découlent et le début de la cartographie à main levée.  Fabien Léaustic porte une attention particulière aux éléments qui l’entourent au quotidien. Par la découverte d’une tasse de thé oubliée, il observe la plasticité remarquable de la fine pellicule qui la recouvre et y décèle l’image de la tectonique des plaques. Une fois le processus reproduit – à plus grande échelle – et la mince pellicule formée à la surface de l’eau infusée, l’artiste déconstruit la matière, tantôt avec le doigt tantôt avec le souffle. Bien que maîtrisée, la création de ces territoires reste totalement aléatoire. Afin de les ancrer dans la réalité, l’artiste y insère une projection cartographique – référence universelle – ce qui confère à ce monde imaginaire sa puissance évocatrice.
Cette manipulation n’est pas sans rappeler la psychogéographie de Guy Debord, plaçant l’exploration poétique de l’espace urbain au cœur de sa démarche. Fabien Léaustic propose ici une lecture poétique de la création du monde et à travers elle, la compréhension du mouvement des plaques, action mécanique et aléatoire génératrice de territoires.

La création de ces continents n’est pas l’étape finale du travail de Fabien Léaustic. Bien au contraire, elle marque le début d’une réflexion invitant André Mien (philosophe) à proposer une exploration littéraire de ces nouveaux mondes. L’œuvre ne se fige pas mais poursuit son évolution. Car, comme l’énonce Fabien Léaustic, « rien ne perdure sauf le changement ».

Texte de Adeline Lacombe & Elena-Lou Arnoux pour l’exposition personnelle “Les riens font des mondes” à la Galerie de l’association Art Exprim à Paris.

Dans la Théinographie, des projections cartographiques sont tracées sur un papier dont la texture décolorée est obtenue par infusion dans de grands bains de thé. Des formes que l’artiste dévoile puis interprète pour créer de nouveau territoires.

Texte - Romain Semeteys.