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Je suis actuellement doctorant au sein d’un programme de PSL (Université de recherche Paris, Science et Lettres) appelé SACRe (Science Art Création Recherche), chercheur associé à l’ENSADLab (laboratoire de recherche de l‘école des Arts décoratifs de Paris) et au Centre des Mathématiques appliquées (CMA) de l’École des Mines Paris-Tech. Au contact du CMA, j’étudie la manière dont les scientifiques développent des modèles mathématiques prospectifs afin d’établir des scénarios sur de futurs mondes possibles, qui sont ensuite soumis aux pouvoirs politiques dans une volonté de guider et d’appuyer les décisions ministérielles. Ces scénarios pointent les tensions à venir liées aux enjeux environnementaux, à la transition énergétique et de manière générale aux hangements climatiques. Mon processus de recherche consiste à considérer ces modélisations comme des fictions que je sonde, scrute et analyse à mon tour. De mon interprétation sensible naissent des œuvres qui incarnent ces récits tout en les libérant de leur trame narrative et d’une moralisation qui conditionneraient l’imaginaire du regardeur. C’est pourquoi je me définis comme un « auteur de fiction d’anticipation non narrative ».
De ces ponts permanents entre ingénierie et art, j’avance l’hypothèse que la marge d’erreur, en mathématiques appliquées et dans les modèles que j’étudie, constitue un espace sensible de création artistique. C’est dans cet interstice, différenciant un futur possible d’un futur réel, que mon travail plastique se déploie. De fait, l’aléatoire est une composante majeure de mes œuvres, au même titre que la notion de cycle. C’est grâce à ces notions que la nature peut exalter son potentiel esthétique et son pouvoir d’évocation. Mes pièces arborent par conséquent une dimension esthétique puissante, car c’est par cette expérience que commence selon moi la création d’une pensée. Les phénomènes physiques en jeu — tout comme les matières, les formes et les couleurs — créent un sens que je mets au service de mes installations. Parfois le hasard me conduit à voir ou à capter des éléments de mon environnement qui, une fois reproduits, entrent dans l’ordre du calcul et du contrôle aléatoire. Ainsi est-ce par ces allers-retours que je négocie le hasard et la nécessité, et qu’émerge paradoxalement une sorte d’horizon magique dans mes œuvres.

Texte co-signé avec Marion Zilio en 2019 à l'occasion de la publication d'un livre d'artiste pour les 5 ans du prix "révélation" de la fondation EMERIGE.