Riblon 1930-2011
Bois, métal, corde, acrylique: environ 4x2m
photographie (auteur, date, lieu inconnues): 12,5x9,5cm
J’ai trouvé cette photographie dans un marché de Buenos Aires en Octobre 2011. J’ai immédiatement été frappé par la tension plastique régnant dans cette image comme dans la construction qu’elle nous dévoile. Cette tension ne tient pas simplement au travail du temps qui peut transformer les documents en œuvres d’art .
La tension est déjà au cœur de l'image. Les éléments signalétiques de la scène composent en même temps un certain “décor d'art”. Les planches rectilignes nous rappellent les décors quasi-abstraits que présentent à la même époque des photographies de Charles Sheeler ou d'Edward Weston. La simplicité de la construction évoque à sa manière l'idéologie des architectes et designers modernistes, amoureux des matériaux simples et bruts...
Mais il nous est impossible de savoir si tous ces éléments esthétiques sont l’effet du hasard ou s'ils résultent du goût du constructeur. De même, il nous est impossible de savoir si l'appareil les a simplement enregistrés au passage ou si le photographe les a sciemment cadrés et mis en valeur, s'il a vu ce décor comme indice d'un mode de vie ou comme assemblage singulier et quasi-abstrait de lignes et d'objets.
La re-construction de cette structure permet de souligner cette tension plastique et de la soumettre au jugement artistique. Une nouvelle ambivalence apparaît: entre hommage à une installation oubliée et découverte de la structure comme œuvre. La maquette de celle ci s’accompagne de son document source (la photographie) et d’une peinture évoquant la possibilité du “devenir passé”. Ce dispositif ouvre la voie à l’interprétation...