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Découverte récente et coup de cœur instantané, cette installation de l’artiste français Fabien Léaustic a eu sur moi l’effet magnétique d’un James Turrell qu’on aurait déplacé vers une incarnation matérielle totale et sans compromis. J’ai dû rester une bonne demi-heure, assise sur un banc dans la salle, à contempler l’œuvre. Et je pense qu’ici le mot « contemplation » est le bon : c’est-à-dire un état d’attention fine et prolongée où l’on se laisse imprégner et traverser de ce que l’on voit et ressent. Car l’expérience de l’œuvre dépasse largement le simple fait du regard : il s’agit de ressentir une forme d’immersion dans un environnement qui relève du sublime.
Plus concrètement on se trouve dans une salle dont le mur principal s’ouvre sur une immense trouée circulaire et derrière laquelle s’écoule en continu un mur de boue, littéralement. Autant l’ampleur de l’œuvre, le son qu’elle génère et les odeurs de terre humide qui s’en dégagent, de même que le mouvement hypnotique du flux boueux, contribue à créer une forme d’immersion sensorielle déstabilisante et obsédante.

Texte de Nathalie Bachand pour Inner Space en Juin 2020.