S’en est fini des cahiers que l’on initiait en écrivant « Mon cher journal ». Aujourd’hui, sur YouTube, on s’adresse au plus grand nombre en s’exclamant : « Bonjour tout le monde ». Même les programmes informatique, depuis le livre de 1978 The C Programming Language de Brian Kernighan et Dennis Ritchie, s’initialise en toute politesse : « hello world ». Ce qui n’a pas échappé à l’artiste français Fabien Léaustic dont la pratique, souvent, se situe entre l’art, les sciences et technologies. Celui-ci, en 2016, a commencé à rédiger cette formule témoignant de la bonne exécution d’applications ou de scripts depuis une quarantaine d’années à même les murs de salles d’expositions. Tous les caractères sont de lumière, mais il en est un, le premier “O”, qui s’allume et s’éteint alternativement. Le Hello World se fait ainsi Hell of a World. Comme si le monde merveilleux auquel nous préparent les grandes entreprises du numérique pouvait aussi se transformer en un enfer sur terre. Et l’on se souvient de cette séquence publicitaire réalisée par Ridley Scott pour Apple en 1984 pour son slogan « On January 24th, Apple Computer will introduce Macintosh. And you’ll see why 1984 won’t be like 1984 ». Le réalisateur et la marque se réfèrent alors à l’ouvrage 1984 que George Orwell rédigea en 1949. L’écrivain y brosse le portrait d’une société sous haute surveillance que, ironie du sort, nous sommes peut-être en train de préparer dans notre usage immodéré des services qui nous sont proposés. Mais comment George Orwell aurait-il pu anticiper cette propension que nous avons toutes et tous à documenter, par nous-même, nos vies avec tant de précision ?

Texte - Dominique Moulon - Art in the digital age.




L’installation « Hello World » de Leaustic Fabien nous laisse juge de ce qui peut être bénéfique ou destructeur dans l'évolution des technologies numériques.

The installation « Hello World » from Leaustic Fabien lets us judge what can be beneficial or destructive in the evolution of digital technologies.

Texte - ArtJaws Variation Media Art Fair.




Gone are the notebooks that began with "Dear diary". Today on YouTube, we reach the greatest number by exclaiming: "Hello world". Even the computer programs from the 1978 book, The C Programming Language by Brian Kernighan and Dennis Ritchie, were politely initialised with “hello world”. This did not escape the French artist Fabien Léaustic whose practice is often between art, science and technology. In 2016, Léaustic began to use this formula testifying to the proper execution of applications or scripts of the past forty years, on the walls of exhibition halls. All the characters are illuminated, but there is one, the first 'O', which turns on and off alternately. Hello World thus becomes Hell World. As if the wonderful world the giant digital companies are preparing for us could also turn into hell on earth. Let us recall Ridley Scott’s advertisement for Apple in 1984 with its slogan, “On January 24th, Apple Computer will introduce Macintosh. And you'll see why 1984 won’t be like ‘1984’”. The director and the brand refer to George Orwell’s book 1984, which he wrote in 1949. The writer paints a portrait of a society under surveillance that, ironically, we are perhaps preparing for in our immoderate use of the services offered to us. But how could George Orwell have anticipated this propensity that we all have to document, by our own accord, our lives with such precision?

Texte - Dominique Moulon - Art in the digital age.


11-2017 // Variation – Media Art Fair // Art2M // Curateur: Dominique Moulon // Galerie de la Cité des Arts // Paris (75)

06-2017 // Echo Chamber ​// Curateurs: Matthew Nevin & Deirdre Morrissey // 3 expositions simultanées en France / Espace Multimédia Gantner (Bourogne), en Lettonie / Lūznava Manor Rēzeknes (Lūznava) et en Irelande / RUA RED (Dublin).

10-2016 // D'un Monde à l'Autre // CSC Madeleine Réberioux // Créteil (94)